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LA VOIX DE NOSTERPACA

Intempéries : la corrosion du rail français n’arrange rien…

3 Décembre 2010 , Rédigé par nosterpaca Publié dans #DOCUMENT

 

France Nature Environnement dénonce une situation qui aggrave les perturbations occasionnées actuellement par les chutes de neige

 

 

Réseau Ferré de France, le gestionnaire public en charge l’entretien et le développement du réseau, s’alarme de l’état des voies ferrés françaises et de l’abandon d’une partie d’entre elles faute de crédit et de réelle volonté politique. (Dépêche AFP de mercredi à lire ci-après).

 

 

Explications : un des meilleurs réseaux mondiaux abandonné

Aujourd’hui le réseau ferroviaire français se trouve dans un état de détérioration et de d’obsolescence inquiétant. Les lignes classiques de type Corail Inter cité et TER remplissent difficilement leur mission de service public : temps de parcours trop long rallongé par la dégradation de l’infrastructure, manque de ponctualité, incidents fréquents…

A titre d’exemple, il faut plus de 5h30 pour relier actuellement Clermont Ferrand à Nîmes, du fait des ralentissements liés au mauvais état des voies, au lieu de moins de 4h30 en situation normale. Autant de raisons qui font renoncer les usagers, et induisent un report du rail vers la route au détriment de tous.

Mettre l’argent sur de bons rails

L’entretien du réseau est financé en partie par les péages versés par les utilisateurs (la SNCF ainsi que les nouveaux opérateurs suite à l’ouverture à la concurrence) et par les aides publiques. Pour Michel Dubromel, pilote du réseau Transports et Mobilité Durables : « En l’état actuel des choses, les péages ferroviaires permettent tout juste de parer au plus pressé : l’entretien courant des voies sans aucune action de modernisation. Il y a donc un réel problème de moyens financiers pour aller au-delà d’une politique « cache-misère ». »

La modernisation et le renouvellement du réseau sont insuffisamment financés par l’Etat. Ce dernier se désengage en réduisant ses aides et en les concentrant sur la construction de nouvelles lignes à grande vitesse plutôt que d’assurer le service d’intérêt général de desserte de proximité, préférant l’image à l’efficacité.

Seul un bon réseau constituera une alternative crédible à la voiture

Pour Gérard Allard, membre du réseau Transports et Mobilité Durables : « L’argent du contribuable doit servir à améliorer l’offre de service d’un réseau qui le concerne c'est à dire vers les TER, les Trains d’Equilibre du Territoire et non au financement de certains projets de LGV dont le modèle économique est aujourd’hui défaillant et qui ne répondent pas aux besoins réels en termes d’aménagement et de desserte du territoire ».

Pour Bruno Genty, Président de France Nature Environnement : « Un réseau ferroviaire performant c'est une meilleure qualité de service, des économies, de la pollution et des accidents en moins et aussi moins de gaz à effet de serre. La modernisation du réseau existant est un impératif si, comme le précise un audit indépendant , on ne veut pas être confronté à l’abandon, à terme, de 30 à 60% du réseau. »



 

Communiqué de l'AFP à propos de RFF

PARIS (AFP) - RFF s'inquiète pour l'entretien du réseau ferré français

Réseau ferré de France (RFF) lance un cri d'alarme sur la situation des voies ferrées françaises qui pourraient être en partie abandonnées faute de crédits pour assurer leur maintenance.

"Le financement du renouvellement du réseau n'est pas assuré sur le long terme, y compris celui emprunté par les TGV", s'inquiète Alain Sauvant, directeur de la stratégie de RFF, le gestionnaire public des voies ferrées françaises.

Si les lignes à grande vitesses parcourues à 300 ou 320 km/h ne sont pas concernées, RFF s'inquiète pour l'état des lignes classiques empruntées par les TGV pour atteindre leur destination finale: "on risque de ne plus avoir un réseau en état pour accueillir les trains", souligne-t-il.

Ce constat est évidemment valable pour le reste du réseau.

Explication: alors que le "coût complet" du réseau ferré --qui comprend l'entretien des voies et leur renouvellement quand elles sont vraiment trop usées-- est estimé à environ 6,5 milliards d'euros par an, les revenus de RFF ne couvrent que 83% de cette somme.

Grâce à une augmentation des péages --les droits de passage que paient les compagnies pour faire passer leurs trains--, le coût de l'entretien courant est désormais couvert. Mais il n'en va pas de même pour le renouvellement, si bien qu'une bonne partie du réseau est menacée d'obsolescence à plus ou moins long terme.

Avec le soutien de l'Etat et de certaines régions, des plans de remise à niveau des voies ferrées ont bien été mis en oeuvre, si bien que le rythme a doublé à environ 2.000 km de voies refaites tous les ans (sur 53.000 km de voies), mais cela ne devrait pas suffire pour sauver une partie du réseau qui est déjà proche du délabrement, avec ses ponts centenaires ou ses aiguillages d'avant-guerre.

Et les trains sont souvent ralentis, parce que la ligne n'en peut plus.

Que faire, alors? RFF a essentiellement deux sources de revenus: les recettes des péages, qui devraient continuer à progresser, au grand dam de la SNCF, et les subventions publiques. Or, dans ce dernier cas, l'Etat vient de réduire son aide au motif que les péages augmentaient...

Le groupe public doit aussi rechercher des gains de productivité, pointe sa directrice générale adjointe Véronique Wallon. Mais il n'a pas les coudées franches, puisqu'il est tenu de sous-traiter la quasi-totalité de la maintenance du réseau à la SNCF (qui elle aussi, se plaint de perdre de l'argent sur cette activité).

"L'entretien coûte de plus en plus cher", regrette-t-elle, notant que l'"inflation ferroviaire" est nettement supérieure à la hausse des prix à la consommation.

"Tout cela ne veut pas dire qu'on ne fait pas ce qu'il faut pour entretenir le réseau. A court terme, la vie continue", rassure Hubert du Mesnil, le président de RFF.

"Mais si dans les cinq ans qui viennent, on n'a pas atteint les 100% de nos coûts complets, on aura peut-être, d'ici 2020, environ 20% du réseau en difficulté", prévient-il.

Du coup, les regards se portent évidemment vers les "petites lignes", celles qui ne voient passer que quelques trains par jour. Et il y en a beaucoup, puisque la moitié du réseau ferré français --long d'un peu plus de 29.000 km de lignes-- ne voit passer que 10% des trains.

Parmi ces lignes "peu circulées", il faudra notamment en rénover 4.000 km après 2015.

"Ce n'est pas à nous de dire qu'il faut fermer des lignes. Il faut que l'Etat nous dise quelle est la consistance du réseau qu'il veut", souligne Hubert du Mesnil.

Et le patron de RFF de conclure: "en France, on aime beaucoup les grands projets. Les projets que nous préférons, c'est la modernisation du réseau. Et ce que nous aimerions, c'est qu'il y ait davantage de trains!"

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